Un angle de visage (le peintre)
Il fait des marguerites, au bord de l’effeuillage
Des fleurs presque fanées ! Dont on sent bien que l’âge
Est bientôt terminé. Par quel miracle il peint
Cette danse insolite, des fleurs de nos jardins !
La femme au grand chapeau se replie et se penche
Vêtue de l’indigo qui dessine ses hanches.
Dans un jardin secret, le peintre s’est sculpté
Les tons de sa palette, en fleurs enguirlandées...
Un siège de guinguette, posé là par hasard
Attire sans regrets l’envie de nos regards.
Un paradis d’oiseaux, les plumes chatoyantes
Navigue dans les eaux de ses nuits sans orages…
Comme sa signature, les courbes jaillissantes
De sa trame nature, se fondent dans l’image.
J’ai envie de m’asseoir dans cet estaminet
Où les rayons du soir s’orangent, parcheminés.
Quel projet de génie lui a soufflé un soir
De « voir » en visitant les fresques du passé ?
Dans les grottes ternies la couleur des mémoires
A traversé le Temps et ses doigts l’ont fixée…
Comment cet homme sage, de son passé si cher,
A pu vaille que vaille, devenir « être libre » !
Un angle de visage, l’assiette et la cuiller
Supposent le travail et l’art de l’équilibre ;
Un triangle de voile, qui glisse et accompagne
En dedans de sa toile, l’eau qui prend la montagne ;
La couleur de l’écume, avec un clair de ciel,
Une ligne de rocs soulignée de falaises…
Et la lumière allume, comme un parfum de miel
Des teintes qui se moquent des reliefs qui se baisent…
Tout un rayonnement donne vie aux couleurs
Car la forme et la teinte, s’embrasent par le cœur.
Et quels événements ont traversé l’espace
Pour que l’image y tinte en y laissant sa trace
Cachées dans la poussière au fond de sa mémoire
Il a créé des toiles aux reflets de la moire…
Quelques éclats d’étoiles, argentés et pudiques
Transposent la lumière, en instant de musique.
Il y a comme une âme aux traits de violons
Quand il peint une femme aux cheveux presque longs.
Et les couleurs s’honorent de timbres parfumés,
Et les parfums se tissent, se lovent en bannières
Puis partent vers l’aurore ; les nuances d’hier
Posées d’un couteau lisse ne flétrissent jamais ;
La peinture ensorcelle les toiles de l’artiste
Les feuilles s’encorbellent, de tons surréalistes.
Je ne veux situer ni l’époque, ni le lieu,
Des dessins qui sont nés sous les différents cieux ;
Des diverses saisons, je ne sais laquelle prendre
C’est pourquoi sans raison, j’y invente un octembre.
feuilllle
(tous textes protégés)