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Feuilllle, Itin'Errance et Natur'Ailes
7 avril 2007

La basse-cour, première et deuxième parties.


 

Poussins de pâques et autres volatiles…

 

Voilà ! Ils sont là !

Trois oies et cinq canards pour noël, une petite trentaine de poussins mâles et femelles pour la viande et les œufs, et cela en vue de réactiver mon cheptel vieillissant.

Tous les trois ans, je re-métisse les races et les renouvelle pour obtenir une meilleure basse-cour, active, reproductrice et variée.

 

Première étape, prendre une poule déjà expérimentée en maternage et tenter de lui faire admettre quelques temps des petits « tout fait ».

Je place doucement cinq par cinq les petites boules duveteuses âgées de deux heures sous les ailes chaudes d’une maman d’accueil potentiel. (J’ai choisi celle-ci pour son caractère aimable et sa taille conséquente.) Leurs odeurs se mêlent mutuellement. Progressivement, Madame Poule gonfle ses plumes. Je l’amadoue en la sustentant de temps à autre de la bonne pâtée maison bien trempée travaillée pour les bébés.

 

Recette : du blé concassé dans un vieux moulin à café enrichi d’un vieil œuf battu, le tout bien poivré pour donner soif.(impératif l’eau)

J’y ajoute un reste de grains de pollen que je n’utiliserais jamais, un tas de déchets écrasés et surtout beaucoup d’eau de pluie. Bref, le tout forme une purée, hideuse et tiédasse, ce qui ne manquera pas de paraître appétissant à mes ouailles.

 

Pour les oisons j’y ajoute de la salade et de l’herbe coupée.

 

J’en ai préparé presque un kilo pour être nantie les deux premiers jours ; ensuite ils apprendront à picorer de minuscules graines de canaris éparpillées sur l’herbe du jardin.

Puis... tout suivra petit à petit son cours naturel...

 

…Dans la jatte à pain dur trempé, bientôt les mouches viendront s’y reproduire et leur ponte de tendres petits vers blancs assurera un apport de protéines succulent et bienvenu.

 

 

Il faut se méfier des gallinacés : elles aiment la viande, ce sont des animaux qui n’acceptent pas facilement les arrivants : elles les attaquent en groupe et les dévorent vivant.

Ici, la poule est séparée du groupe, mais je sais qu’elle peut d’un instant à l’autre piquer au cou les petits et les secouer jusqu’à les tuer.

Je reste constamment auprès de la couvée, vigilante et observant le moindre signe de rejet.

Lorsque les poussins semblent imprégnés et bien réchauffés -une mère naturelle se serait arrachée les plumes intérieures des ailes et des flancs pour faire office de bouillotte avec la peau-, je dispose une coupe d’eau fraîche sur le fond de la cage (anciennement celle des écureuils, lire épisode précédent !) et adjoint une écuelle de pâtée sur le côté.

 

 

Ce à quoi je voulais arriver se passe : la poule montre la méthode du picorage et les minuscules volaillons s’empressent de suivre l’exemple.

Elle accepte de les réchauffer encore quelques temps après ce premier repas, puis, imprévisiblement, son courroux éclate férocement sur un des poussins qu’elle pince violemment et envoie valser sur un des murs de la cage. Horrifiée, je vois l’oiseau mort et sanglant. Je m’empresse de la rapatrier dans son groupe, toute caquetante de colère, fougueuse et véhémente. Je retourne avec un peu d’exaspération vers la marmaille affolée et piaillante dont il va falloir assurer désormais seule la prime existence.

 

Elle a travaillé durant plusieurs heures.

Faut dire… qui accepterait une trentaine d’enfant en nourriciat imposé à part une poule ?

Bien. Finalement, le travail le plus important est fait, et du reste, il faudra s’en contenter.

 

 

 

Beaux jours :

Il fait si beau que je libère mes petites bêtes à chaque soleil bien chaud Je m’amuse et me régale à les voir brouter et s’ébattre, tout en les surveillant (les chats, les pièges du jardin…)

 

Petit problème :

-les oisons s’entendent avec les canards mais attaquent les poussins.

-Les canards recherchent instinctivement la compagnie des oisons plus grands qu’eux.

-Les poussins se plaisent avec les canetons, qui les réchauffent volontiers.

 -les canards au naturel affable et tranquille, s’entendent avec tous.

 

Bon ! Je résous cela arbitrairement : d’un côté les palmes, de l’autre les « gratteurs ».

J’enferme alternativement les poussins pour les protéger des oisons tandis que je sors ces derniers avec les canetons ; qui se reconnaissent en fin de compte de la même espèce.

 

Des Bêtes et des Humains Basse cour deuxième partie

Au bout de cinq jours, je programme des nettoyages en règle chez mes volailles

Je passe trois bonnes heures à brosser à l’aide d’une brosse à dents souple les pennages des poussins, figés par des tâches de pâtée durcie , j’aère et je lisse les plumes naissantes, car mes petites horreurs sont capables de se manger jusqu’au sang et de se blesser mutuellement s’ils repèrent sur un dos un semblant de pâtée..

Décoller les duvets et petites plumes est indispensable car, au contraire des canetons et oisons qui se lissent et se nettoient depuis tout petits, eux ne se lavent pas encore seuls.

Je n’ai aucun antibiotique et bien qu’ayant prévu des pertes inévitables sur le nombre final, je tiens à les limiter

 

Mes oisons du même âge régentent la marmaille palmée, c’est indéniable

Ils broutent le trèfle, le pissenlit, se régalent des fleurs et de cerfeuil, même mon thym y passe. Il ne faut cependant pas exagérer ma tolérance ; mes plants sont préservés à divers endroits du terrain, mais tout de même !

Un caneton déjà dodu s’aventure devant un vermisseau tortillant et recule, effarouché.

Mais le bec intéressé se rapproche et soudain, perdant toute timidité, le caneton s’en empare et déguste maladroitement ce plat de choix. Puis stoïquement et dandinant, il se dirige vers la coupe d’eau pour se rincer la tête.

 

Arf ! Pardon Jacqueline ! Ton magnifique et démesuré cendrier de cristal (que tu m’as donné lorsque tu as stoppé le tabac) trône au beau milieu de ma pelouse, étincelant et crépitant d’éclairs de soleil. Il a l’avantage d’être stable et solide, et ne se renverse pas. Et je t’assure qu’il fait bon effet ; de sa lumière irradiante émane des flèches qui m’ironisent les yeux…

 

Apres leur premier bain, je joue à la coiffeuse avec les canards que je sèche au séchoir a cheveux (ça sert seulement à cela ce truc là chez moi.) je les ébouriffe tendrement et leurs yeux se ferment de plaisir ; puis, doux et reposés, ils retournent tous dans l’herbe tiédie de soleil.

 

 

Mon regard reste concentré tandis que ma pensée se ramifie à voir le groupe palmé s’ébattre sur l’herbe du jardin de devant.

…Je vois ce bébé oie gris plein de fierté du désir de commandement.

Il se dresse et s’étire en hauteur le plus possible, ses petits moignons d’ailes encore en duvet voletant nerveusement et la tête étendue vers le ciel, bec dressé, port altier.

Il est le maître des oies et des canards.

Ce doit être un jars…

Il mène tambour battant sa petite troupe et n’hésite pas à pincer les récalcitrants.

Je réalise que je dois laisser cet oison (que je baptise Monarque en moi même) commander et le laisse donc maltraiter un peu (du moins de mon opinion d’humaine) les autres.

J’étudie la différence d’attaque de bec entre ceux qu’il veut faire suivre et obéir, et ceux (les poussins) qu’il veut irrémédiablement chasser donc tuer. Le bec se fait moins piquant, l’injonction dans le mouvement est moins agressif.

J’observe néanmoins que les canetons, tout en recherchant sa protection, et même s’ils ne se dérobent pas aux coups de bec, s’écartent de son passage.

 

Il faudra qu’ils se régentent seuls dans quelques jours…le règne de cet oison sera ma liberté.

 

…Les images de Rois damasquinés des vieux livres d’histoire me reviennent en filigrane, colorés et dorés, en même temps que l’odeur de craie et d'éponge mouillée des anciennes classes.

Ils portaient des couronnes. Naîssaient-ils toujours couronnés ? Je ne me souviens plus... Quelle hérédité !

 

Jadis, la couronne était aussi une pièce de monnaie ; ce non d’argent venait-il du dessin en effigie posée sur son or ? (Pourquoi n’apprend-on pas ce genre d’anecdote à l’école ?)

Est-ce ainsi qu’à débuté l’idée bien inscrite en notre société actuelle que l’argent était le vrai pouvoir ?

Ou l’a–ton simplement symbolisée ainsi, d’une figurine drastique et royal ?

 

Notre euro a failli être un écu. Ce devait faire trop monarchique pour une partie des pays concernés, républicains…

Nos vrais dirigeants sont très intelligents : ils réfléchissent et décortiquent les implications de leurs actes et édits avec contrôle.

L’euro regroupe bien plus de suffrage avec son concept induit de « grand peuple uni » et cela sans connotation directe économique ni religieuse….
 

…Je reprends le cours de mes contemplations sur les palmipèdes.

Les canetons barbotent dans la vieille poêle à paella immense et emplie d’eau, transformée en mini mare pour l’occasion. C’est un peu juste mais correct pour les premiers bains.

L’un des oisons se gratte un flan avec le rebord aigu du récipient.

C’est incroyable l’intelligence (primaire) des oies : elle savent utiliser un ustensile et s’y adapter.

 

Mais un homme approche…Cette grande masse vêtue de bleu sombre joue inconsciemment les épouvantails et terrorise mes volailles palmées.  Celles-ci se réfugient à mes pieds.

Ils me cancanent aussitôt leur peur et leur effroi.

 

Je connais leurs câlins et la façon de rassurer mes animaux : j’entoure leur bec de la main, délicatement, à la manière ferme et douce de la caresse, en pressions légères et précises.

 

…« Nous nous sommes compris, Oisons bébés : vous êtes les maîtres des Palmes, mais vous m’ordonnez le commandement de votre troupe envers les autres bipèdes… »

Tant de compréhension mutuelle m’effraie, comme à chaque fois dans ces circonstances.

Comment tuer pour manger ceux que l’on commence à aimer, à apprivoiser ?

Je n’ai ni l’esprit ni le sens du sacré ou de l’action sacrificatoire pour donner une raison à mon besoin tout prosaïque de repas futurs non traficotés et à peu prés bio.

L’atroce du vivant s’octroyant le droit de mort sur d’autres vivants me saisit régulièrement conjoncturellement.

Je ne tremble pourtant pas au dépeçage.


Comme c’est terrible d’aimer ses repas…

 

feuilllle.

 


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Commentaires
L
Il ne faut pas que je relise ce texte, au risque de devenir végétarienne !
S
Quelle horreur ! ... <br /> Préparer, engraisser, voir ce petit monde grandir en se disant : huumm !! mangez mes petits avant que vous ne soyez mangés. <br /> <br /> Allez, je rigole... c'est tellement bon bien préparés.<br /> <br /> Par contre une petite anécdote : il était une fois : il y a bien longtemps ma tante nous avait donné un beau bébé lapin à faire engraisser pour notre futur repas ...<br /> Le lapin a été un génial compagnon pendant de nombreuses années pour nous enfants, il est mort de vieillesse car mes parents n'ont jamais eu le courage de lui tordre le cou... et nous les 3 filles nous avons tout fait pour qu'ils n'aient même pas l'idée d'y penser.<br /> Il a été le meilleur compagnon de notre chatte siamoise et de la tourterelle.<br /> <br /> Soit dit en passant bon appêtit pour Noël.<br /> <br /> Surtout ne le prenez pas mal, c'est avec beaucoup d'humour que j'ai écrit ce commentaire.<br /> Au plaisir de vous rendre de nouveau visite.
V
Je m'amuse terriblement en lisant ce texte(que je viens de survoler en lecture rapide !!!), je l'imprime pour le lire en dégustation à mon chevet. Je vis dans une maison qui en 1923 faisait office de Ferme, il y avait des canards, des poules, même des cochons !! et moi que n'y connais rien en la matière !!! te lire pourras diminuer (un peu du moins !!) mon ignorance sur le sujet !!! c'est écrit avec tant d'Elan et d'Humour (enfin moi je trouve !!!) qu'il me tarde de le lire LENTEMENT !!!!!!!!
F
Eh bien je ne voudrais pas etre Galinacé !! il faudra que je revienne après ton repas :) <br /> Que fais tu ff on ne te voit plus sur msn serais tu partie au calme ds un couvent !!<br /> bisous ff
A
Alors là, ne sais si je pourrais...<br /> <br /> même si j'aime manger... mais manger ce que j'aime vivant...<br /> <br /> bonne question...<br /> bizeees Feuilllle
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