Rouen, La fête de la Musique, Parfums
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Rouen. La fête de la musique.2005
Tous bien tassés dans Cosmos (ma petite Six Troènes azur), nous voilà partis vaillamment à une petite centaine de kilomètres de Village, toit et carreaux ouverts car il fait chaud…Destination : la Ville « aux cent clochers », surnommée jadis ainsi par Victor Hugo grâce à sa trentaine d’églises ou cathédrales qui la hérissent de tours et de beffrois…
La capitale de la Normandie est remplie de jeunesse et d’histoire : l’Homme préhistorique y a connu la courbe lente de la Seine semble-il, puis, il y a deux mille ans, les Romains l’investirent et la baptisèrent Rotomagus. Ses fontaines et ses ruelles, ses poutres enchevêtrées et ses enseignes de fer, forgé ou peint, ses temples à prières et ses moyenâgeuses maisons à colombages, nous transposent sans peine dans une autre époque.
...Garés tranquillement près du CHU, nous filons d’un bon pas vers le centre ville, enthousiasmés par les échos des musiques diverses qui s’en épanchent.
…Les places sont denses, striées d’éclats de lumières, meublées de tables de mixages et d’orchestres. Les rues ricochent de sons musicaux, parfois cacophoniques, et les couleurs vestimentaires ajoutent à la joie et parfois à l’exotisme.
Des fragments de foule dansent et se regroupent selon affinités musicales ou amicales.
Des années d’entraînement de fête de l’Huma m’ont appris à me frayer un chemin dans la foule compacte sans dommage, je me fais fluide, et les jeunes suivent mon sillage. La mince brèche se referme très vite derrière nous et tout en avançant, nous avons l’insolite sensation de voguer sur place. La Cité devient bateau…
…Au travers de la Ville, je remarque la similitude des odeurs culinaires qui s’assimilent avec les musiques jouées, et leurs lieux de prestations : ici un vieux Monsieur joue du clavecin électronique en face d’une galerie d’art (fragrance tisanes…). Il résistera courageusement jusqu’à plus de onze au groupe « Métal », bien sur plus sonore, qui œuvre non loin de lui, dans une rue pavée elle aussi et cernée de magasins modernes (Odeur hamburger) ;
Enchâssé dans une cour intérieure protégée de maisons à tourelles et d’un castelet, un groupe folklorique virevolte au son d’un antique accordéon. (Exhalaisons de cochonnailles variées et de pain campagnard).
Le jazz nous subjugue au coin d’un bistrot aux parfums de café, et « Let the sun shine » se fait entendre harmonieusement sous les effluves de barbecue non loin de là.
Les chants du « Ché » se devinent plus qu’ils ne s’entendent sur une grande place aux stands variés. (Parfums de crêpes, de café…)
La chatoyance des Femmes et des Hommes qui gesticulent une danse sauvage et sublime au son des percussions (tam-tam et tambours) et des onomatopées gutturales, devant un ensemble de bâtiments modernes, nous font imaginer l’Afrique et ses rythmes sthéniques (Effluences vanillées).
A l’ombre de la nuit, dessous une voûte arcadée, un groupe de musiciens tournant leur vielles et autres instruments surannés, se produit et envoûtent quelques personnes de leur complainte désuète... ("bouquet" d’herbes …)
Des bouffées de rock…des couleurs merguez…des mouvements bruyants…des gestes doux…des sons musicaux…agitation et sourires…
Corps et sensations…
Un fumet chocolaté entoure un air fugace et isolé de flûte traversière...
Des bouffées pâtissières envahissent des refrains spontanés de jeunes chanteurs de variété près d’une petite place pavée.
Les signes courtois et précieux des mains Indiennes tracent une arabesque dans l’espace restreint d’une courette, presque secrète… (Vapeurs d’épice et d’encens)
Un arôme de valse tourbillonne timidement et s’esquisse près d’un petit magasin de tissus.
Des rengaines émanent des restaurants…
En face d’un cuisinier temporairement et modestement installé à même la rue, un artiste peintre dessine et étale ses images crayeuses et magnifiques directement sur le sol dallé. (essences sucrées)
...Les senteurs auditives ?
Hum ! Quelques odeurs de shit sans doute m’auront exacerbé et erroné les sens, qui s’emmêlent.
Le mélange est presque palpable. Je goûte les Musiques, je déguste la joie de la foule, j’écoute les odeurs…
La nuit nous offre par moment son haleine de fleurs…
…….Il est tard…Nous repartons, un peu saoulés et vacillants, avant que certains ne se modifient en groupes véritablement ivres, et que les marques de véhémences ne deviennent trop nombreuses.
Pratiquement tous les coins internes des jonctions des maisons sont – ou ont été- investis tels des vespasiennes ! Vous êtes terribles Messieurs !!!!(Relents ammoniaqués !)
La nuit bien entamée nous emporte, les étoiles clignent des yeux.
C’est l’heure de la lune ; pleine et laiteuse.
C’est l’heure des futurs songes que l’on fera, au creux de la plume, dans un moment.
C’est l’heure de se souvenir, pour écrire…