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Les Amis
passent… toutes nos photographies (pas encore numérisées) traînent dans une grosse boîte en carton peint
et verni; pour s’en amuser ensemble, j’en pioche de temps en temps une petite poignée au hasard.
L’une d’entre
elles nous a fait sourire…
Ces deux là font pas mal de
« bêtises »…
Miss Paimphlette, du haut de ses cinq ans à peine, grimpe partout, rie de tout, farfouille dans tous les coins pour
découvrir la vie, soulève chaque pierre, goûte une fourmi, (sic !), observe
attentivement durant quelques secondes bénies un morceau d’écorce, dépiaute une
plume avec délice...
Elle avait à peine sept ans lorsqu’elle inventa
de couper les cheveux de sa mère, lâchement endormie une après-midi de fatigue,
pour s'en faire un pinceau ! La mèche manquante avait bien sûr plus de dix fois
le volume indispensable pour en fabriquer trente ou quarante! inutile d'ajouter que cet outil artisanal ne vit jamais le jour!
Monsieur Chachougne, très posé, dévire
systématiquement et minutieusement tout contenant pour « voir ce qu’il y a au
fond ». Il a presque trois ans et demi, et ….c’est une flèche ! Il se faufile partout,
traîne dans la forêt côtoyant la maison sans crainte de se perdre, offre de
petits bouts de bois dans la cheminée pour alimenter le feu.
Un jour de pique-nique près du ruisseau, par une
journée très chaude, il prit son petit seau rempli d’eau pour le verser sur la
tête de sa mère lisant flegmatiquement sur l’herbe. Rires des autres
familles…ah ! Il n’avait pas cinq ans, au fait, lors de cet instant rafraîchissant
!
...Leurs surnoms familiaux, tendres et intimes leur
vont bien ; ils ont les résonances de leur caractère, vu ironiquement par leur
mère...
Aucun des deux n’a jamais supporté le parc :
l’une s’arrange pour grimper par-dessus, l’autre s’ingénie avec succès à en
ôter les barreaux de bois ! (Pas bien solide ce vieux parc…)
Ils ont marché si tôt que leur raisonnement ne
va guère avec leurs acrobaties. Et puis, comme tous les enfants très jeunes,
ils posent tellement de questions que c’en est harassant !
Mais ils sont câlins et joyeux, et finalement, c’est un plaisir… leurs
inventions font régulièrement sourire.
...Comme pour tout parent, la vigilance maternelle
quotidienne s'exige des trésors de patience imposés au fil des apprentissages
des petits, de leur avancée dans la vie, d’initiation réciproque à supporter,
l’une les inventions souvent rocambolesques enfantines, les deux autres l’autorité
bienveillante limitatrice et protectrice de la mère, qui s’arroge de temps à
autres quelques « répits » nécessaires et salvateurs !
Durant leurs années de « petite enfance », leur
'Mam les a confiné dans un coin de la maison lorsqu’ils dépassaient trop les
limites permises de l’audible et du mouvement…
Le coin était agréable, une immense fenêtre
idylliquement sertie de doubles rideaux épais trop lourds pour être
périodiquement décrochés ; un petit nid douillet et feutré, à l'abri des
yeux inquisiteurs des adultes...
Elle avait remarqué que ses enfants agités
devenaient très calmes cachés derrière ce rideau. Ils devaient sans doute
regarder dehors paisiblement.
Ils adoraient cela, se poser derrière les
tentures et elle les entendait babiller doucement durant plusieurs minutes
d’affilée.
Du fait de la situation serrée des meubles à cet
endroit, deux petits enfants n’avaient aucune peine à se jouer de l’espace
restreint, mais aucun adulte n’aurait pu s’y tenir à l’aise. La jonction des
deux murs, l’un recouvert des rideaux, l’autre appuyé d’un bahut volumineux et
pesant leur en aurait interdit un accès facile.
Sans se poser trop de question sur la valeur
éducative de la « punition du coin », (au diable les bouquins éducatifs
restrictifs de toute entrave à la personnalité) la maman se ravissait en toute félicité du quart d’heure de tranquillité
gagné !!! Surtout que cela n’avait pas l’air de les rendre malheureux, bien au contraire
!
Des années plus tard, dix pour être plus
précise, les draperies furent descendues de leurs tringles en vue d’un
nettoyage plus performant que la simple aspiration mécanique et du brossage
mural.
Ceci en prévision du Déménagement de la famille.
Le gigantesque fou rire en dégradé hoqueté qui
s’est entendu du sentier durant quelques minutes a alerté la voisine qui
passait par là.
Un éclat de rire cascade comme un ruisseau et,
comme lui, attire tous ceux qui l’entendent.
Elle est donc arrivée rapidement pour
profiter elle aussi de la bonne aubaine !
Ne jamais perdre une occasion de rire est encore
actuellement notre devise…
-« Ooooooh ! Je ne pensais pas que vos enfants
feraient ÇA ! »
Elle éclate elle aussi en rire retentissant, les
larmes cocasses coulent de ses yeux tout plissés.
C’est aussi une maman, et elle comprend vite
l’affaire.
ÇA ? Mais ÇA, c’est simplement tout un ensemble
de traits de crayons de toutes les couleurs qui s’entrecroisent, se tissent
merveilleusement sur le mur du temps, enfantin et espiègle, artistiquement
écoulé … on y reconnaît les tracés gauches d’enfants tout petits…
Aucune trace n’a jamais débordé des côtés des
rideaux qui aveuglaient continuellement ce coin de mur.(faiblesse de la ménagère oui j'avoue...)
…Le soir même, la 'mam fit venir les « coupables » et leur montra en
souriant le mur déshabillé des toiles, et leur demanda :
« -Vous souvenez-vous de cela ? »
…Regards complices, sourires mutins…
« -Et on en a fait d’autres tu sais ! »
-Tiens,
va voir derrière la bibliothèque du haut, par exemple ! »
Éclats de rire des Ados de l’époque…
(Vague inquiétude de la maman qui se demande si
en fait, d'autres surprises ne rabaisseront pas le prix de la maison et elle
pense, très fugacement : « misère,
que je suis mercantile tout de même! »)
Voilà pourquoi ils adoraient être « punis » dans
ce coin ! Les crayons ont constamment traîné sur la table non loin de cette
fenêtre. Les enfants ont souvent dessiné, la boite à couleurs et les feuilles étant toujours disponibles et à leur
portée…
Le crève-cœur de ne pouvoir emporter cette filouterie
ingénieuse et organisée lors du déménagement !!!
…Achat d’un appareil photo jetable, dessins
fleuris mémorisés dans un album bleu et rose…
Du simple tracé au « bonhomme têtard, du trait
figuratif au soleil rayonnant, du tag au graffiti, toute une évolution de
Gavroches se retrouve enchâssée dans un espace parfaitement calculé
intuitivement par deux enfants refusant l’ennui. Aucun dépassement, aucune
marque ne se sont jamais discernés dans cet endroit, havre de détente pour
chaques antagonistes, par action ou par effet.
L’image de complicité enrobera éternellement les
mémoires familiales et anecdotiques d’un feu d’artifice coloré, discret,
espiègle et voilé, ainsi que l’intelligence des chérubins à avoir découvert une
issue créatrice à une limite donnée…
feuilllle, à
bientôt de vous lire aussi, sourire à tous et à toutes.