Voyage de l'Âme.
Voyage de l'Âme, octobre 2005.(en attendant mon errance de cet été)
….Je
suis en route ! J’ai quelques heures de retard sur mon programme personnel, qui
m’avait pourtant laissé une marche assez vaste dans mon horaire, mais il y a
toujours quelque chose à faire au dernier moment : un agencement de sortie pour
l’Un, une discussion de dissertation pour l’Autre, un besoin de présence avant
la courte séparation surtout. Les enfants sont grands, mais sont toujours mes
enfants…sourire.
Je jette un œil vague et dubitatif sur une carte routière aux routes
lilliputiennes pour finalement ne garder en tête que la destination générale :
Arras Cambrai. Ce n’est pas si loin.
Les CD sont prêts, Maurice Benin (jolie Eglantine, je vis …) côtoie Beethoven
et Jean Michel Jarre, Jean Ferrat, Téléphone et Evanescence, Brahms Berliner et
Obispo ; je mettrais Culture ou Nostalgie entre deux…
Le
paysage tant chéri dans le passé défile, il ne fait pas trop gris, et je «
reconnais » les haies bordant les petites collines et les coins boisés.
Les pans de neige durcis en mini congères, reliquats des chutes de neige de la
semaine dernière (ciel à peu près bleu cet après-midi, mais moins quatre quand
même), stagnent par endroits et ourlent certains champs façon « frissons ».
Je ne roule que sur les départementales et communales, ça me permet de me
perdre un peu ( !) ; du coup, j’entrevois l’arrêt obligatoire pour
assistance en personne éperdue ;
Une
minuscule station service m’accueille les bras ouverts, on m’offre un café
maison spécialement réchauffé pour l’occasion, (hé hé ! le café du Nord
toujours chaud, comme les cœurs des gens…) que je reçois en même temps que
l’accent rude immédiatement dés-enfoui des souvenirs de l’enfance.
Un grand éclat de sourire me chavire presque, et une foule de détails se
dés-ombre et se dénombre sans regrets.
Le
ciel se fige un instant dans ses couleurs de gris fer et annonce la fin de
l’après midi ; je ne suis plus loin et il est temps d’arriver.
Je
retrouve tous les « déjà là », car bien sur, étant la plus proche
géographiquement, je suis la dernière arrivée ! C’est un précepte actif qui
sommeille en chacun de nous cela ; ne jamais arriver à l’heure. (Rire)
Enfin toi, Lilli, qui m’attend devant ton portail ouvragé, car les autres sont
déjà à l’apéritif dans une autre maison de briques rouges. Chez toi non plus,
le réseau téléphonique ne fonctionne que par à-coups. ; Je les aurais
sillonnées tes petites routes serpentueuses !
Soirée
locale, pas très loin du Cateau ; rien que le mot me rappelle la vieille « deux
chevaux » couleur bleu suranné et les marchés qui commençaient à piailler vers
la même époque.
Sous l’ardoise grise et les murs « brique », dans la maison des
Amis, je reconnais l’odeur indéfinissable des foyers de là-bas, faite de cire
d’antiquaire, de senteur des terres, de moins en moins souvent des cuisinières
à bois. Mais toujours l’odeur du café, symbole de l’accueil en ces parages.
Dans la petite salle des fêtes d’un village, tous à la même table, nous nous
racontons, nous retrouvons encore une fois sans lassitude les émotions communes
et les échanges sans bâtons, rompus ou non.
Dès que la musique démarre, nous devenons frénétiques (le champagne ?) et
dépendants de la piste. On a bien dansé Lili !
Les danses se succèdent et révèlent leurs personnalités :
La Valse, qui grise les
esprits par son simple jeu de toupie, le Jerk qui réveille le corps en le
rendant créatif, le Rock qui réunit deux gymnastes légers,
La Musette, qui attendrit les personnes les plus âgées, le twist qui nous
oblige à de drôles de postures faites de plis et de jeux de jambes.
J’observe avec quelle facilité les nombreuses personnes s’harmonisent peu çà
peu dans le suivi du Madison, que nous préférons tous dans notre groupe
regarder que danser : les automatismes des pas et des « phrases » de mouvements
se mettent à l’amble. Un bel ensemble collectif…
On a bien ri et on s’est bien trémoussés tous, même si le calme sensuel des
Slows nous laisse indifférents ce soir.
(On s’amuse ! Et cet intermède/ interview insolite et merveillesque de la
chaîne de télévision locale. ; mdr ! Quel démon extraverti et sans gène m’a
piquée ?! Vraiment il faudra que je revienne plus souvent : l’hilarité est trop
présente ici. Nos bêtises vers Cambrai!)
…Il est tard, non, tôt. ; Je laisse sans remords le dessert pour m’évader…
J’ai froid…Dehors, le ciel est glacé, et une couverture presque uniforme de
givre sclérose légèrement chaque brin d’herbe crissant et cassant. A cet
endroit de la nuit, les étoiles brillent « pointu »et leur émaillage semble un
tatouage immense et infini clouté de brillants.
Merci du manteau de secours Lili, dans la voiture.
J’ai encore l’acuité de voir, avant le dodo réparateur, précautionneusement
nichée au creux de l’un de tes bras, la petite tartelette que je n’ai pas
dégustée et que je donnerais à mes enfants au retour.
….C’est un matin clair et froid qui m’éveille.
Je reprends ma boite à tableaux habituelle (c’est si magique les images des
souvenirs) et, alimentée d’une énorme tasse de café bien brûlant et de ma
vilaine peau de laine grise si chaude, je vais…. Tout dort… sauf…
Les quatre huskies me lèchent les mains et me reniflent en gestes humides de
bienvenue. Ils m’absorbent à tel point que je ne réalise pas immédiatement la
vivacité du concert extérieur :
Une chorale ailée déploie ses chants en cacophonie perçante et néanmoins musicale.
C’est splendide. Je ne vois pas les oiseaux, ils sifflent des airs avec
puissance mais ils restent invisibles. Je suis un peu subjuguée car il y en a
beaucoup ici. Il sont joyeux et leurs trillent s’accompagnent de frémissements
perçus mais imperceptibles.
Comment prendre ces fantastiques chants en photographie ?
Il faut dire que certains arbres ou arbustes sont feuillus même l’hiver dans
ton jardin Lili.
Je les écoute un long moment, décode parfois avec succès leur appartenance et
lance plus loin mon regard sur les plaines en face.
Ca « me fait flèche » : Une envie de caresser les collines et dormir au creux
des ombres des forêts, cueillir les presles et les groseilles sauvages,
re-sentir l’écorce-peau-d’arbre du chêne familial, revoir enfin mon coin natal
plus précisément me tire en pensée vers des sentiers arpentés peu éloignés
d’ici.
…Indécise, je décide tout de même de concréter ce lieu auditif par une
numérisation : l’image me fera réentendre ce que je n’y verrais pas.
Je sens l’air
palpiter, le froid vibrer, et le matin grandir…
J’examine avant
de m’apercevoir qu’ils m’épient aussi, curieux de tout, les carassins
prolifiques et rustiques de Jo et Lili, bien au chaud dans leur mare glacée, (
!). Leurs petits ventres rouges ou blêmes se faufilent entre les algues d’eau
douce et verte.
Je sais que je vais bientôt repartir…j’ai une boule à l’estomac mais un grand
sourire dans le cœur.
Tu vois, Lili ; gentille brodeuse vivant ma Thiérache natale, j’avais un bien
beau rendez vous inhabituel à honorer, là-haut, dans cette petite contrée du
Nord de la France.
…Et surtout à ne pas manquer...
Sourires à tous, toutes.
feuilllle