Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Feuilllle, Itin'Errance et Natur'Ailes
2 octobre 2006

Être et ne plus être? Chapitre II

Chapitre II : Ante Méridien 

 

« Les hommes de la petite cité la moins éloignée de la forêt sont arrivés ! C’est la fête, c’est un plaisir saisonnier et précieux qui revient périodiquement. Nous les accueillons chaleureusement. Ils sont affables et paisibles. Ils ne vivent pas comme nous, qui sommes indépendants et autonomes depuis que nous habitons ici Grand-père nous révèle inlassablement lors des Conseils d’Adolescents l’histoire de nos origines :la Nature  a donné naissance aux premiers êtres pour offrir le don d’existence à tous les genres à et toutes les espèces. Sa créativité, issue de son probable ennui, est toujours généreuse et intelligente : nous percevons son désir de voir perdurer la paix entre tous, son souci de mettre chacun constamment en lien avec le cosmos, son appréhension même de la destruction, programmée ou non. 

Quel Artiste apprécierait l’anéantissement de ses œuvres ? »

 

 Je me remémore les anciens cantiques psalmodiés les temps d’orages ruisselants et éclatants…

Sa Loi est admissible par tous :

« Chacun doit être fier de ce qu’il est, tout en restant humble face à l’immensité des variétés de l’Univers.

Personne ne doit inférer sur la vie des Autres, mais en tirer parti avec raison, dans la reconnaissance et l’acceptation des différences et dans un souci d’entraide et de partage.

Chacun est unique et irremplaçable, doit progresser et veiller à protéger sa vie, et l’améliorer le plus possible dans les limites du respect à Autrui. »

 

…« Nos compagnons sont dépendants des autres hommes pour faciliter leur existence, car ils se nourrissent principalement de céréales, de lait et d’oeufs, qu’ils troquent contre les produits forestiers qu’ils emmagasinent lorsqu’ils viennent chez nous.

Leurs moissons ne sont pas exemptes de catastrophes naturelles : le gel et la grêle, la sécheresse, les parasites s’arrangent souvent pour délester inexorablement ceux qui ont semé.

Il leur arrive quelquefois, selon les circonstances et leurs possibilités, de pécher ou de chasser. Cela reste rare car interdit par leur seigneur. Certains groupes ne doivent pas vivre simplement des préceptes de la Loi Universelle, mais selon leurs propres règles que certains d’entre eux établissent avec ferveur.

Je n’ai pas à juger…un aspect de leur spiritualité doit m’échapper, nous ne sommes pas très érudits, notre peuplade est sûrement très primitive, et même Grand-père avec toute sa sagesse et sa spiritualité ne peut tout expliquer.

 Nos Amis connaissent les risques encourus lorsqu’il leur arrive, par mégarde ou par besoin, d’enfreindre leurs lois ; dans les cas mineurs et selon le caractère de leur Commandeur, les coups ou l’emprisonnement sanctionnent ce délit. Les prisons sont reculées, mais présentes à leurs esprits ; nous étions soulagés de savoir que nous ne risquions pas l’avilissement morbide de l’enfermement, tant grâce à notre façon de vivre et que par notre éloignement, et nous pensons sans l’avoir testé que notre peau est assez dure pour contrer le bâton, car nous sommes très résistants… »

 

« Je me souviens…

Dans leurs grands sacs de toile de jute, tous se mettent à la cueillette des faînes, dont il est confectionné une huile d’éclairage. Ils ont besoin de cette lumière. J’ignore encore pourquoi vouloir prolonger le Jour, qui est suffisant à mon sens pour participer activement, au travers de toutes les ressources originelles de l’existence, au travail de ce que chaque être doit accomplir sur Terre. Je sais néanmoins que les besoins varient selon les Peuples, et nulle intolérance ne s’échappe de mon questionnement. C’est juste quelque chose que j’ai accepté sans jamais le comprendre. Mais demanderiez-vous par exemple à un Arbre d’expliquer malgré les étoiles lumineuses la noirceur de notre voûte céleste la nuit? Je suppose pour ma part qu’il répondrait que leur clarté veut exclusivement mettre en lumière l’immensité et la profondeur de l’espace, et faire ressortir ainsi la modestie de notre Terre…

 

…Leurs petits participent avec le même entrain à améliorer la récolte, que les nôtres, plus élancés, à les aider en secouant toute branche garnie. Certaines ne le sont pas : tous les arbres ne fructifient pas chaque automne. Il faut parfois attendre deux ou trois ans pour obtenir une récolte prolifique.

Quelques jeunes fagotent, ou rassemblent des branches mortes en vue des prochains feux hivernaux à garnir. D’autres encore plus juvéniles se sont endormis placidement malgré les cris et les sons du travail des plus grands. Ils reposent sous l’ombre gracile des jeunes arbres du Village, encore frêles et fragiles. Je suis avec eux lors de cette rencontre, la plus belle dont je puisse me remémorer parmi toutes. Tout en surveillant avec amour leurs bébés, j’observais la délicatesse de leur regard ensommeillé à l’instant propice où le rêve les faisait basculer dans une douce félicité. Le fait de devoir protéger ces enfants si démunis dans l’abandon du repos me rendait fort, du moins je l’analysais ainsi. Je sentais le liquide vital de mon corps pulser dans mes veines encore fines, je jaugeais la force de mon adolescence par rapport à leur petitesse. Leur fragilité m’émouvait.

Les clapotements des canards chamarrés d’automne résonnant de la rivière et les sifflements enjoués des merles se répercutant des sous-bois s’unissaient avec aisance et concertation. La musique sauvage des halliers se concertait pour atténuer de singuliers bruits sourds et lointains…

 

...Les deux groupes travaillent et s’organisent dans l’efficacité et la bonne humeur. On entend des « han » d’effort, des grincements de branches, des rires de joie, des bruissements de feuillages…

Le soir approche immanquablement petit à petit. Les provisions s’amoncellent en tas ocres et craquants. Des cupules toxiques et brunies d’été, s’esquivent en cascadant les petites amandes brillantes et nutritives.

Certains des très petits sont barbouillés du jus des dernières mûres encore suspendues aux buissons alentours ; quelques châtaignes farineuses achèvent de cuire en grésillant sur les dernières braises écarlates des ultimes feux de la journée.

Bientôt les deux troupes vont se séparer et les saisons filtreront encore leur sable grain à grain avant que les retrouvailles puissent se renouveler.

L’hiver va bientôt s’armer de son souffle vif et glacé pour dépouiller la plupart des essences.

Il nettoie invariablement et méticuleusement le pays et ménage ainsi un endroit propre et vigoureux pour le printemps.

Quand le Ciel sera venteux et plombé de gris, que les orages le zèbreront d’éclairs assourdissants, que le givre dessinera artistiquement avec zèle sur les écorces et les rocs les traces argentées du Temps qu’il fait et du Temps qui passe, les animaux se calfeutreront dans leurs habitats ou s’endormiront, et nous vivrons d’autres formes de détente que celle de l’amitié avec ces Hommes.

Nous reposerons nos membres fatigués du labeur de la provende et le ralenti de cette période permettra le répit. Il y aura les longs conciliabules entre les Anciens, le repos apparent des êtres et des choses, la neige blanchisseuse et gardienne des parterres, les fourrures immaculées des renards et des hermines se glisseront entre les racines et les herbes asséchées par le froid, la « stase » régénératrice avant l’éveil des végétaux maintiendra dans l’ambiance ouatée et réconciliatrice le mystère de la genèse...»

 

 

Publicité
Commentaires
F
FF tu as retiré mon ti mot ?
L
Que tes souhaits se réalisent !!<br /> La rolls du film en images de synthèse rien que pour toi sur le site du lezard !!<br /> Mon plus beau sourire pour toi !!
C
Un pti coucou en passant.Beaucoup d'occupation en ce moment. de tres belle lignes comme a l'acoutume.
L
Une petite anim comme tu les aime pour toi sur http://lezardnumerik.canalblog.com !!<br /> A bientôt :-))
X
Encore un fois un magnifique texte ... comme toujours !<br /> Bonne soirée
Publicité
Publicité