Georges
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Georges
La Lorraine était-elle / Trop
aveugle ou trop seule
Pour refuser son aile / Et te
mettre en linceul ?
Trois siècles d’abstinence / Ont
figé ton génie
Trois siècles d’ignorance / T’ont
marqué de déni.
Une étoile est posée…/Un rêve t’a soufflé,
-Mais Toi seul a osé- / Peindre
l’âme en reflets.
Caravage était-Il / Près de Toi et
en phase
Lorsque Tu fis, subtil, /
Saint-François en extase ?
La corde de sa robe / Parait être
de mèche
A celle qui dérobe /Aux ténèbres
paisibles
L’éclairement précis / Des yeux et
des flammèches.
On y sent le récit / Des prières
visibles.
L’auguste personnage / Nous envoie
en kyrielles
L’infirmité et l’âge,/ De sa voix,
de sa vielle.
Par les longs doigts blêmis / Le
peintre de mystère
Compose l’alchimie / D’un chant de
magistère.
Les yeux soudés de nuit / Il
chante les arpèges
Et sa musique luit / Devant son
ombre grège.
Au front de Saint-Jérôme / La
clarté est nacrée.
Sa silhouette en dôme / Et les
livres sacrés
Confèrent à l’image / La puissance
maudite
Des saints du Moyen Age / et leur
foi érudite.
La flambée que l’on fait / Rougit
aussi le soir.
Tu contrastes en effets / Les
pourpres et le noir.
Le visage embelli / Par la divine
flamme,
Marie, avec sa main,/ S’applique à
modérer
Le feu de la bougie./ Il donne à
l’autre femme
Au livre qu’elle lit,/ Au grand
panier tressé,
Et aux cheveux carmins,/ Un éclair
généré
Par la trace assagie / Du pinceau vernissé…
Joseph sublimement / Se penche sur
son bois.
On voit ses ligaments / Qui
brillent par endroits.
La fillette est assise,/ Et leurs
regards s’aimantent…
On voit par transparence / Tous
ses ongles salis…
Je perçois sa confiance /-Ce qui
la rend touchante-
Et puis je réalise / Ce que
peindre anoblit…
Quand Tu as dessiné / Une dame
gracile
Tenant son nouveau-né,/ Et à
l’autre un profil
Enluminés de braise, / As-tu songé
à croire
Spiritualité,/ Ou seulement revoir
Dans la Nativité / La religion gagée,
Modelée dans la glaise,/ Statufiée
et figée ?
Tes contours révélèrent /
L’Essence de l’esprit.
L’étincelle vivante / Occulte les fonds
ternes.
Les couleurs insufflèrent / Sur
tes toiles vernies,
Des pans de vie hurlante,/ Et les
auras internes…
Les visages posthumes /
S’embrasent quand ils prient…
Un cierge se consume…/ Et le cœur est
surpris...
Mystique et fascinant / Tes
couleurs de Poète
Percent le clair-obscur / Dont tu
es l’interprète.
Ton époque et ton lieu / T’ont
fait Maître du roi
Et Tes signes l’augure / D’un
mélange de foi.
Tu as peins le milieu : De
scènes de la vie,
Religieux ou manants / Ce qui t’a
poursuivi.
Dis-moi Gardien épique / De l’écho
des lumières,
As-Tu de ton vivant / Fermé La
Tour d’ivoire ?
Ton peuple anachronique /
Ouvrait-il le grimoire
De tes tableaux savants, / De Ton
art solitaire ?
J’ai l’émotion profonde / Quand je
sens l’Irréel…
Ton talent ouvre au Monde,/ Le sobre,
l’intemporel…
Feuilllle