Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Feuilllle, Itin'Errance et Natur'Ailes
13 juin 2006

Georges

http://www.educnet.education.fr/louvre/ecriture/char1.htm

madel1


Georges

 

La Lorraine était-elle / Trop aveugle ou trop seule

Pour refuser son aile / Et te mettre en linceul ?

Trois siècles d’abstinence / Ont figé ton génie

Trois siècles d’ignorance / T’ont marqué de déni.

Une étoile est posée…/Un rêve t’a soufflé,

-Mais Toi seul a osé- / Peindre l’âme en reflets.

 

Caravage était-Il / Près de Toi et en phase

Lorsque Tu fis, subtil, / Saint-François en extase ?

La corde de sa robe / Parait être de mèche

A celle qui dérobe /Aux ténèbres paisibles

L’éclairement précis / Des yeux et des flammèches.

On y sent le récit / Des prières visibles.

 

L’auguste personnage / Nous envoie en kyrielles

L’infirmité et l’âge,/ De sa voix, de sa vielle.

Par les longs doigts blêmis / Le peintre de mystère

Compose l’alchimie / D’un chant de magistère.

Les yeux soudés de nuit / Il chante les arpèges

Et sa musique luit / Devant son ombre grège.

 

Au front de Saint-Jérôme / La clarté est nacrée.

Sa silhouette en dôme / Et les livres sacrés

Confèrent à l’image / La puissance maudite

Des saints du Moyen Age / et leur foi érudite.

La flambée que l’on fait / Rougit aussi le soir.

Tu contrastes en effets / Les pourpres et le noir.

 

Le visage embelli / Par la divine flamme,

Marie, avec sa main,/ S’applique à modérer

Le feu de la bougie./ Il donne à l’autre femme

Au livre qu’elle lit,/ Au grand panier tressé,

Et aux cheveux carmins,/ Un éclair généré

Par la trace assagie / Du pinceau vernissé…

 

Joseph sublimement / Se penche sur son bois.

On voit ses ligaments / Qui brillent par endroits.

La fillette est assise,/ Et leurs regards s’aimantent…

On voit par transparence / Tous ses ongles salis…

Je perçois sa confiance /-Ce qui la rend touchante-

Et puis je réalise / Ce que peindre anoblit…

 

Quand Tu as dessiné / Une dame gracile

Tenant son nouveau-né,/ Et à l’autre un profil

Enluminés de braise, / As-tu songé à croire

Spiritualité,/ Ou seulement revoir

Dans la Nativité / La religion gagée,

Modelée dans la glaise,/ Statufiée et figée ?

 

Tes contours révélèrent / L’Essence de l’esprit.

L’étincelle vivante / Occulte les fonds ternes.

Les couleurs insufflèrent / Sur tes toiles vernies,

Des pans de vie hurlante,/ Et les auras internes…

Les visages posthumes / S’embrasent quand ils prient…

Un cierge se consume…/ Et le cœur est surpris...

 

Mystique et fascinant / Tes couleurs de Poète

Percent le clair-obscur / Dont tu es l’interprète.

Ton époque et ton lieu / T’ont fait Maître du roi

Et Tes signes l’augure / D’un mélange de foi.

Tu as peins le milieu : De scènes de la vie,

Religieux ou manants / Ce qui t’a poursuivi.

 

Dis-moi Gardien épique / De l’écho des lumières,

As-Tu de ton vivant / Fermé La Tour d’ivoire ?

Ton peuple anachronique / Ouvrait-il le grimoire

De tes tableaux savants, / De Ton art solitaire ?

J’ai l’émotion profonde / Quand je sens l’Irréel…

Ton talent ouvre au Monde,/ Le sobre, l’intemporel…

 

Feuilllle

de_la_tour_georges_st_joseph_the_carpenter_1640s_9902152

Publicité
Commentaires
F
merci Bouquinator, et j passe avec plaisir sur ton blog<br /> :)
L
Que cela est beau ! c'est magnifique ! Tu écris avec tant de grâce et de facilité ! Merci pour ton commentaire qui me rassure : je ne suis pas seule ! De plus, tu aimes la nature (une des meilleures qualités d'un bon bouquinator...). Encore bravo et ne t'arrête pas, c'est tellement beau...
F
textes protégés
F
"Georges de la Tour est né en 1593 à Vic-sur-Seille, en Lorraine (est de la France), où il résida jusqu'en 1620. (Son père était boulanger) <br /> L’artiste sombra dans l'oubli après sa mort, en 1652, et ce pendant trois siècles<br /> C'est l'un des plus grands peintres français du XVIIe siècle. <br /> « Son œuvre est baignée de lumière, ses couleurs d'une belle harmonie de tons chauds où les rouges prédominent. Peintre « réaliste social », témoin des moeurs de son temps, Georges de La Tour nous entraîne de l'apparence de la figure humaine à la profondeur lumineuse et chaude de l'âme. "<br /> <br /> Titres des tableaux mis en strophes : <br /> Le joueur de vielle<br /> L’extase de Saint François<br /> Le nouveau né<br /> Saint Jérôme dans sa cellule<br /> L’éducation de la vierge<br /> Saint Joseph menuisier
Publicité
Publicité